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(Cyber)violences de genre chez les adolescent.es : évaluer, comprendre et agir dans l’espace scolaire

Comprendre les (cyber)violences de genre chez les adolescent.es

La première partie de la matinée a été consacrée à la présentation des principaux résultats de l’étude menée par le Centre Hubertine Auclert, puis la sociologue Isabelle Clair a proposé une analyse plus large, en interrogeant les fondements sociaux et genrés des cyberviolences à l’adolescence.

Cette enquête inédite a été conduite entre le printemps et l’hiver 2023 dans 14 établissements scolaires publics, avec un questionnaire administré auprès de 3 828 jeunes, et une soixantaine d’entretiens en groupe et individuels. 

Les résultats révèlent que tous les milieux sociaux et territoires sont concernés : les (cyber)violences de genre touchent tout le monde. 

Le principal apport : penser les violences comme un continuum

L’étude invite à sortir des catégories séparées pour envisager les (cyber)violences de genre comme un continuum, avec trois dimensions : 

1️⃣ Violences sexistes et violences LGBTphobes

Elles reposent sur les mêmes mécanismes de domination : maintenir une norme de genre binaire et hiérarchisée.

2️⃣ Violences en ligne et hors ligne

Les frontières entre espaces numériques et réels sont poreuses : l’école n’est pas un sanctuaire « non connecté ». Un tiers des adolescent·es utilisent leur téléphone chaque jour en classe, et la majorité des cyberviolences se produisent au sein même de l’établissement scolaire.

3️⃣ Un continuum des violences sexuelles

De la remarque sexiste au viol, l’étude montre une progression et une accumulation des violences. Les victimes de violences sexuelles sont très souvent exposées à plusieurs formes de violences concomitantes.

Des chiffres qui inquiètent

💡85 % des élèves déclarent avoir subi au moins une forme de (cyber)violence en 2023.

💡Les filles sont plus souvent touchées : nombre médian de victimations = 6 pour les filles, contre 4 pour les garçons. Être une fille augmente de 65 % le risque de subir des (cyber)violences psychologiques à haute intensité, et de 57 % pour les violences sexuelles.

💡L’assignation à une identité LGBT+ est le facteur de risque le plus déterminant. Particulièrement, les filles LBT+ sont les plus exposées à ce continuum de violences.

💡Etre ou avoir été en couple double le risque de subir des (cyber)violences sexuelles.

💡Plus de la moitié des attouchements ont lieu dans l’établissement scolaire, souvent imbriqués avec des cyberviolences.

💡Seulement 26 % des victimes en parlent, et 13 % seulement se tournent vers un·e adulte de l’établissement.

Agir contre les (cyber)violences de genre

La deuxième partie de la matinée a mis en avant des initiatives concrètes pour lutter contre ces violences dans les établissements scolaires.

🎯 La campagne “Gênant ? Surtout violent.”

Une campagne percutante élaborée par le Centre Hubertine Auclert pour sensibiliser aux violences sexistes et sexuelles dès le plus jeune âge.

👩🏽‍🎓 Donner la parole aux premières concernées

Les lycéennes et anciennes lycéennes faisant partie de la Brigade pour l’égalité filles-garçons du lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles ont pris la parole avec force, partageant leurs expériences et proposant des pistes d’action pour transformer le climat scolaire.

👩‍🏫 Écouter celles et ceux qui agissent

Enseignantes, associations et personnels éducatifs ont témoigné des difficultés rencontrées mais aussi des leviers d’action possibles : formation, accompagnement, dispositifs de signalement et travail collectif au sein des établissements.

En conclusion

Cette journée a mis en lumière une réalité encore trop souvent minimisée : les (cyber)violences de genre ne sont ni marginales, ni isolées, mais structurantes dans le quotidien des adolescent·es.
L’école, loin d’être un espace protégé, est un lieu central de reproduction de ces violences.

Agir, c’est donc à la fois former les élèves mais également les professionnels de l’éducation, écouter et croire les élèves, et transformer les normes de genre qui traversent les espaces scolaires — en ligne comme hors ligne.